Le rock, la musique et surtout les concerts constituent un exercice photographique euphorisant. Mes travaux m’ont valu des accréditations qui me permettaient de parcourir les festivals et les salles de concert. Je pouvais prendre place avec mes boîtiers tout contre la scène. Dans les petites SMAC (scène musique actuelle), souvent dépourvues de fosse, la lumière est capricieuse. Le « dicta » interdisant les prises de vues après le troisième morceau (chanson) rend l'exercice périlleux. La proximité avec le public est laborieuse, dans les années 2000, je me souviens d'un concert de Matmatah aux Passagers du Zinc à Avignon, où je fus propulsé sur la scène par un mouvement de foule. Réaliser une photographie qui restitue ce que l'on ressent à l'instant précis dans un laps de temps très court était une souffrance. Les coudes fixés à mon corps, j'essayai de ne pas bouger. Dans l'urgence, j’anticipai les mouvements des artistes et de la lumière pour déclencher au bon moment. Dix minutes d'une intensité folle, je sortais des concerts trempés par la sueur, avec à l'esprit l’étreinte de l'image capturer.